Pages d'ancêtres d'hier et d'aujourd'hui: Les cloutiers Ardennais au XIXème siècle
Pages de Généalogie [Pages d'histoire] > Les cloutiers Ardennais au XIXème siècleTel est le titre d'une étude réalisée par les élèves de la classe de première B1 du lycée Monge de Charleville-Mézières, sous la direction de leur professeur d'histoire Yanny HUREAUX. Cet ouvrage publié par la commune de Gespunsart, qui a fait là œuvre de mécénat, mérite d'être largement diffusé, car il ressuscite en 60 pages le passé artisanal de ce village qui, au XIXème siècle, comptait le plus fort pourcentage de "clôteux" ardennais.
[extraits]
LES PAYSANS DE LA FORET
En 1879, Gespunsart comptait 2400 habitants, dont 600 cloutiers et ... 400 chiens! Mais en 1929,le village ne recensait plus que 1638 habitants et une douzaine de "clôteux". L'industrialisation avait noyé le Val de la Goutelle, cette petite rivière qui rejoint la Meuse à Nouzonville.Encore pratiqué de nos jours, l'essartage était lié au XIXe siècle à l'écobuage. Les villageois abattaient leur parcelle de bois, puis brûlaient les souches et les racines. Là-dessus, ils semaient du seigle, du sarazin, et parfois du blé. Le travail ne rendait guère, à cause du climat et de la médiocrité du sol. Quelques activités agricoles annexes (terres céréalières, troupeaux de vaches et de cochons) occupaient ces "paysans de la forêt" au printemps, en été et en automne.
L'hiver les transformait en cloutiers. Cette source de revenus permettait d'atténuer la misère endémique dont ils souffraient. D'autres se faisaient sabotiers.
LA BOUTIQUE DU CLOUTIER
Sa superficie varie de 12 à 20 mètres carrés environ. Dans cet atelier, on trouve une petite forge, qui peut compter 2 ou 3 foyers. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle , la houille a détrôné le charbon de bois. L'enclume est particulière, elle convient à la fabrication de clous de formes différentes (on en compte une centaine). La roue à chien actionne en permanence le soufflet de la forge. Pour se protéger des "pétons" (paillettes de métal en fusion) le cloutier porte des sabots-bottes, des wagnettes (bandes de cuir autour des mollets), une banette (tablier de cuir épais).LE MOTEUR À PUCE
C'est "l'âme de la forge" ainsi que l'écrit JP VAILLANT dans son roman "Macajotte". Le chien, par son inlassable course dans la roue, fait jaillir la gerbe du feu. En général, ils sont deux à se relayer. Leur maître les nourrit mieux que ses enfants - s'il le peut - car la galère demande des forces. Le printemps perturbe quelque peu ces moteurs grippés par l'amour.D'après certains témoignages, dont fait écho Mgr PECHENARD dans son "Histoire de Gespunsart", il apparaîtrait que de très jeunes enfants actionnaient les soufflets au XVIIIe siècle. Les chiens, en prenant leur place, leur ont permis d'aller à l'école. Las! Ingrats, le cloutier n'hésite pas à se débarrasser d'un coup de fusil de son ouvrier devenu vieux et inutile.
LES CLOTEUX AU TRAVAIL
La boutique est une affaire familiale, dont le père est le maître-forgeron. Ses aides sont sa femme, un enfant, qui portent le fer au rouge ou frappent sur l'enclume tandis que l'homme façonne. Les artisans cloutiers travaillent de 7 à 9 heures par jour pour un salaire dérisoire.Le facteur de clous tient sous sa dépendance les "cloteux", incapables de s'occuper eux-mêmes de leur débouchés. C'est lui qui passe les commandes aux cloutiers et revend le produit fini aux quincaillers. Il livre la matière première et impose ses prix.
"la vie des cloutiers ardennais" est disponible dans les librairies, ou bien à la marie de Gespunsart
LIENS:
- Les cloutiers sur le site d'Isabelle Pintart